régler son appareil pour un aspect cinéma

Comment bien régler son appareil pour obtenir un aspect cinéma ?

Avant de passer à l’étape de la post-production et d’ajouter tous les effets et tout l’étalonnage nécessaire pour appuyer l’aspect cinéma de notre vidéo, il est bon de procéder à quelques réglages essentiels sur son appareil (camera, reflex, caméscope et même drone) pour ne pas être déçu au moment du montage. Tous ces réglages vont faire la différence à l’œil lorsque la vidéo sera regardée. Alors oui, il faut compter quelques minutes pour paramétrer et bien régler son appareil pour obtenir ce fameux aspect cinéma. Mais c’est tous ces petits réglages qui feront la différence entre un aspect reportage et un aspect film.

Premier conseil

Évitez le mode automatique, pour quelque réglage que ce soit. Vous risquez d’avoir des surprises en récupérant vos fichiers vidéo (changement brutal d’exposition, changement brutal de balance des blancs, etc…)

Le framerate

Ou cadence d’images par seconde. Il est répandu dans les esprits que le framerate à 24 ou 25i/s joue sur l’aspect cinéma lors du tournage. En fait…pas vraiment. Je me suis aperçu qu’en filmant à 60fps mais en réglant correctement la vitesse d’obturation, le rendu cinéma était là. Mais en effet, il est préférable si vous souhaitez ensuite diffuser vos films dans des festivals ou autres évènements, de régler le framerate sur 24 ou 25 images/secondes. Pour un court-métrage ou reportage, inutile de filmer en 60fps, sauf si vous comptez insérer des plans au ralenti. Ou pour un évènement sportif ou un clip où les actions sont rapides, filmer en 60fps peut avoir un effet sympa sur le rendu.

L’ouverture

Un des 3 points du triangle de l’exposition (ISO, ouverture, vitesse d’obturation). Pour l’ouverture, tout dépendra de ce que vous voulez faire ressortir ou non. Ouvrez un maximum pour faire ressortir un sujet. Ou fermez votre iris pour rendre l’ensemble de la scène nette. Le problème qu’on va avoir fréquemment pour nos films, c’est qu’on va vouloir jouer avec la profondeur de champs.

En effet, filmer en faisant ressortir un objet ou une personne en floutant l’arrière plan, contribue grandement à donner un aspect cinéma. Mais si on ouvre trop, on va devoir augmenter la vitesse d’obturation pour éviter une image surexposée. Et c’est ce qu’il ne faut pas faire.

Le filtre indispensable pour obtenir un aspect cinéma

Car oui, la vitesse d’obturation est importante pour l’aspect cinéma. La solution dans ce cas est de s’équiper d’un filtre qui va venir diminuer l’arrivée de la lumière vers le capteur tout en ayant ouvert l’objectif au maximum. C’est le filtre à densité neutre, aussi appelé filtre ND. En diminuant la quantité de lumière arrivant au capteur, cela va nous permettre d’ouvrir le diaphragme et de pouvoir diminuer la vitesse d’obturation. Sur mon Phantom 4 Pro j’utilisais ce kit de filtres ND/PL (neutre et polarisant) et j’ai constaté qu’il n’était pas utile de mettre 100€ dans des filtres pour obtenir de superbes images…

Ici pas de conseil particulier, c’est selon la luminosité de la scène. Il faudra tester chaque valeur de filtre. Donc si vous avez un achat obligatoire à faire, c’est celui d’un ou plusieurs filtres neutres. Il existe avec plusieurs valeurs, ND2, ND4, ND8, ND16, ND32…Plus le chiffre est élevé, plus il bloque la lumière. Ils sont souvent vendus en kit et se choisissent selon leur valeur et le diamètre de votre objectif. Ils sont aussi très utilisés par les photographes qui veulent obtenir des trainées lumineuses en baissant la vitesse d’obturation ou pour photographier des cours d’eau en accentuant le mouvement par exemple.

La vitesse d’obturation

réglage appareil l'obturateur

En anglais Shutter Speed. L’obturateur (shutter) est le demi-cercle qui passe devant le capteur de l’appareil par rotation. Ce paramètre est souvent négligé et pourtant. C’est le critère le plus important à prendre en compte si vous souhaitez donner un look cinéma à votre vidéo, dès la capture. Ici rien de compliqué, cherchez toujours à avoir une vitesse d’obturation ayant une valeur du double de la cadence d’enregistrement. Pas moins, pas plus. Si vous filmez en 25 images/seconde, réglez la valeur sur 1/50. Si vous filmez en 60 images/s, réglez sur 1/120, minimum 1/100.

Pour du 120i/s, réglez sur 1/200 ou 1/250 selon ce que vous propose votre appareil. Bref vous avez compris le principe. Le fait de régler cette vitesse d’obturation correctement, va permettre d’obtenir une image plus « douce » autour des objets ou personnes. Alors que si vous l’augmentez, ce sera l’inverse. Les objets ou personnes en mouvement, donc même les objets filmés en panorama, paraitront plus « découpés » sur les contours. Et si vous la diminuez, vous obtiendrez des mouvements plus flous. Cela peut être utile pour appuyer un effet mais pas idéal pour tout un film…Ce réglage est à ne pas négliger lors de vos tournages. Même chose qu’au dessus, si vous ne voulez pas fermer votre diaphragme et que l’image est surexposée à 1/50 : équipez l’objectif d’un filtre neutre.

La balance des blancs

Le bouton WB sur votre appareil. Ne la mettez pas sur AWB (Automatic White Balance). C’est une erreur courante et toujours pénible à rattraper en post-prod. Il fait nuageux ? Réglez-la sur nuageux. Il fait soleil ? Réglez-la sur ensoleillé. Le temps est changeant ? Un moment de soleil et 2 minutes après des passages nuageux ? Réglez la sur « nuageux ». Régler ce paramètre manuellement vous permettra de ne pas changer de température de couleur pendant le filmage. Tous vos plans seront homogènes et surtout cela évitera à l’appareil de changer de balance des blancs en plein enregistrement. Avoir la balance des blancs qui change sur un même plan n’est pas super pour donner un look ciné à sa vidéo et très difficile à rattraper en post-prod.

Un conseil de pro, réglez manuellement votre balance des blancs avec une charte de gris. Chaque appareil a la possibilité d’enregistrer 3 profils personnalisés de balance des blancs. Vous aurez ainsi une balance des blancs ultra bien paramétrée.

Les modes les plus répandus de balance des blancs sur nos appareils :

  • AWB : mode automatique, à éviter, ou alors juste pour voir ce que propose l’appareil quand on ne sait pas trop lequel choisir. Pour ensuite le chercher de façon manuelle.
  • Lumière jour ou ensoleillé : le mode à choisir par grand soleil, il bleute légèrement l’image.
  • Ombre : le mode à choisir lorsqu’il fait nuageux. Il orange l’image.
  • Nuageux : il ressemble au mode ombre mais il orange moins l’image. À voir selon le résultat obtenu à l’aperçu.
  • Incandescent : le mode à choisir lorsque l’éclairage tend vers l’orange. Les éclairages de ville par exemple. Il corrige ce ton orangé en bleutant l’image.
  • Fluor  blanc chaud, blanc froid, blanc neutre : il ressemble à Incandescent mais permet de choisir la tonalité de couleur selon la température de l’éclairage.

Le but de la balance des blancs sera d’obtenir l’image avec la température de couleur la plus neutre. Ni trop bleue, ni trop orange. Ni trop froide, ni trop chaude en somme. La personnalisation se fera en post-prod.

Les ISO

Essayez autant que possible de ne pas les monter trop haut. 800 maxi… Selon comment votre appareil gère la montée en ISO cela peut être plus. Je sais que ça n’est pas évident selon les conditions d’éclairage. Mais si vous montez trop les ISO vous allez gâcher tous les précédents conseils que je viens de vous donner.

Les modes créatifs

Certains modèles de reflex ou caméscopes proposent des réglages de modes souvent appelés « modes créatifs ». Laissez ce mode sur standard et ne touchez ni au contraste, ni à la saturation, ni à la netteté. Ou alors…

Les modes Log

S-log (Sony), C-Log (Canon), D-Log (DJI), F-Log (Fujifilm), Log-cine, Gammut, autant de noms qui veulent en fait dire que votre appareil permet d’enregistrer dans ce mode. Les lettres correspondent au nom du fabriquant d’appareil. Ce mode est à activer dans votre appareil à la place de « standard » dans le menu mode créatif ou ailleurs selon le modèle. Il est également présent sur les derniers drones du marché. C’est un mode à activer si vous souhaitez ensuite étalonner votre vidéo avec plus de souplesse. Ce que je vous conseille vivement si vous voulez lui donner une identité particulière. L’image au tournage paraitra fade, plate, sans contraste ni trop de couleur, mais sera beaucoup plus facile à retoucher lors de l’étalonnage. Car l’appareil aura enregistré beaucoup plus de données dans les hautes lumières qu’avec son mode standard. La dynamique du capteur de votre appareil est beaucoup mieux exploitée dans ce mode.

Grille règle des tiers

Un réglage qui est très souvent présent sur les modèles. Pensez à l’activer, cela vous aidera lors de vos cadrages.

Et tous les autres conseils concernant la stabilité, l’ambiance et le cadrage viendront dans d’autres articles ! 🙂

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(16 commentaires)

  1. Personnellement je galère avec les luts
    J’obtiens jamais la même colorimétrie entre mon drone dji air / sony a6500 / gopro
    Je filme en cine4 sur l’a6500, dcine sur le dji et flat sur la gopro.
    Mais trouver des luts pour les divers appareils et qui vont ensemble, c’est compliqué.
    Une astuce?

    1. Hello @renkua , pour l’instant je n’ai pas d’astuce, j’essaie personnellement de trouver un profil entre chaque appareil qui se ressemble. Ensuite je corrige ça en post-production au niveau de l’étalonnage sur Premiere Pro.

  2. Je suis retraité dessinateur industriel et infographiste. Je me suis lancé dans la vidéo amateur il y a peu et je trouve votre bloc des plus intéressant, bravo.

  3. Excellente la vidéo de l’Orange 3 !
    Pour moi, amateur en photographie et débutant en vidéo (stabilisateur en cadeau de Noel), c’est riche d’enseignements !
    Les différents plans, les vues, les enchaînements…je trouve toute la panoplie d’idées créatives dont j’ai besoin pour mes débuts.
    En complément des articles du blog, c’est bon ! 🙂
    Merci !!

  4. Bonjour,

    vous écrivez : « Les objets ou personnes en mouvement, donc même les objets filmés en panorama, paraitront plus « découpés » sur les contours. »
    Voulez vous dire que l’augmentation de la vitesse d’obturation permet d’obtenir des images plus nettes ?
    N’est-ce pas ce que l’on appelle le « piqué » ? N’est-ce pas ce que nous recherchons ? sinon à quoi bon courir après les hautes résolutions ?

    Merci de me détromper (s’il y a lieu).

    Bonne soirée.

    1. Bonsoir @labrot , non l’augmentation de la vitesse d’obturation ne permet pas d’obtenir des images plus nettes. Les images plus nettes dépendent de la définition de l’image et aussi du fameux piqué obtenu selon tel ou tel objectif. et aussi du codec d’enregistrement de la vidéo, mais c’est un autre sujet. On obtient un meilleur piqué souvent avec des objectifs à focale fixe et selon une ouverture déterminée. Cela dépend des objectifs. Le piqué est en quelque sorte la précision de l’image, la netteté ultime si on veut. Selon les objectifs on obtient parfois un meilleur piqué au centre de l’image et pas super sur les contours de l’image.
      Pour ce qui est des contours plus découpés des éléments (personnes ou objets), je pense que je rajouterai une image d’illustration dans cette article mais vous avez sans doute déjà vu des photos prises avec une vitesse d’obturation très lente où on voit par exemple des trainées lumineuses derrière les feux de voitures qui roulent, ou encore des cascades d’eau où la chute d’eau ressemble plus à un rideau blanc que à de l’eau. Si ces éléments sont capturés avec une vitesse d’obturation plus rapide, ils seront figés et on pourra observer leurs contours sans problème, le détail des gouttes etc… En vidéo c’est exactement la même chose. Nos yeux au cinéma sont habitués à cette vitesse d’obturation qui est très souvent le double du nombre d’images capturées par seconde. Du coup on obtient des contours plus « doux » sans être des traînées lors des mouvements de camera ou du sujet. C’est un détail, mais un détail très important lorsqu’on recherche ce fameux aspect cinéma. J’espère avoir pu vous éclairer. 🙂

  5. merci pour tous ces conseils,je pense qu’il faut « gacher de la pelicule »pour se familiariser avec tous
    ces réglages,pou être prêt lors d’un tournage

  6. Merci pour cet article, c’est très intéressant. Je suis en ce moment à la recherche de toutes les infos trouvable sur les bons réglages d’un appareil pour filmer et tu m’as donné beaucoup avec ce billet. Un grand merci !! 🙂

  7. Merci pour le tuto. Super !
    Petite question. Pour filmer un concert en salle avec une lumière faiblarde qui tire vers le bleu ou le rouge, quelle est le meilleur réglage de balance des blancs ? Merci

    1. Hello @dom, pour ces conditions d’éclairage je dirais ou incandescent ou alors Fluor blanc chaud, blanc froid, ou blanc neutre. J’essayais d’avoir la temperature la plus correcte avec ces modes là en tout cas…

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